MAUTHAUSEN
15 MAI 2016
Le 5 mai 1945 les Américains libèrent le KZ Mauthausen.
Mon père Stefan FABJANCZYK à droite sur la photo avec son ami Jozef, un Allemand pourtant incarcéré à Mauthausen, « Stefan Honorowy » comme on l’appelait, qui a résisté des mois et des mois au travail de forçat auquel les Nazis soumettaient leurs esclaves dans les usines souterraines de Gusen, est alors atteint du typhus et isolé en quarantaine.
Ses amis le soignent clandestinement avec l’eau de choucroute et le sortent du camp.
Il vivra jusqu’en 1947 , deux années, au Kongres Camp où on rassemble les Polonais, le Congres Kamp de l’UNRRA à Nurenberg et refait , retapé, choisira le travail que lui propose l’UNRRA et le contrat avec Fédéchar en Belgique.
Il a connu AUSCHWITZ et MAUTHAUSEN comme des milliers d’autres Polonais.
Beaucoup de Polonais y perdent la vie.
Stefan FABJANCZYK était un roc et il nous a quitté à 90 ans .
Il était revenu à MAUTHAUSEN dans les années 80 avec mon frère Roman qui depuis l’a vénéré inconditionnellement; ce que nous, souvent ses 6 enfants, 11 petits-enfants et 2 arrières petits-enfants ne comprenions pas – maintenant, oui.
Stefan dans les années 90, avait rencontré aussi d’autres rescapés de Mauthausen à l’Ambassade de Pologne à Bruxelles dont Mr Hejdrowski du Borinage, dont une petite-fille travaille à Clerfayt Waudrez
lors de remise de décorations honorifiques avec lesquels il a pu évoquer des moments communs, enfin, à une époque où on commençait à en parler.
C’est en pensant à lui, à sa descendance que nous avons répondu à l’invitation reçue par les organisations polonaises d’Autriche; aussi pour apprendre et ne plus, sur leur grand-père, sur leur détention, sur l’après guerre, sur les Polonais arrivés d’Allemagne, répéter à nos petits enfants, les sottises qu’on nous a enfoncées , ici ,depuis notre enfance et qu’on a aussi répétées parfois.
le président de l’Union des Polonais en Autriche au centre de la photo
avec JABŁONSKI JACEK, le président de la maison Polonaise à Linz (związek Polaków w Górnej Austrii ) Ci dessous lors de la messe polonaise au monument polonais de Mauthausen
photo V.der Polen in Oberosterreich
Nous sommes attendus par Mr Iwanowski de Vienne, rédacteur chef de Polonica.at et qui depuis deux ans organise la marche des Polonais depuis Mauthausen jusque Gusen en mémoire du parcours aller retour journalier des esclaves depuis ici jusqu’aux usines souterraines à Gusen.
http://polonika.at/index.php/fotogaleria/350-marsz-pamieci-z-mauthausen-do-gusen
La carrière? On l’ a vue, c’était vite devenu un camp disciplinaire pour faire crever les punis. Gusen Mauthausen dès 42 et 43 , c’était une usine à armements creusée dans la falaise ; des milliers d’esclaves ont fabriqué d’abord des pièces de fusils jusqu’à des avions de chasse.
avec tout à droite, le Consul Honoraire de Pologne; en Autriche, un Autrichien bien sûr ,qui lui ici , vit avec les Polonais, de Linz par exemple , toute la vie associative des Polonais. Entre nous deux , Madame la présidente de la Maison de la Pologne à Linz , Dorota Aleksandra TREPCZYK qui avec son mari débordent de gentillesse, de convivialité , de dévouement avec tout ce qui est polonais. Ou encore la 2e personne depuis la gauche, Urszula ROJEK, cantratrice soprano qui chante dans le monde entier.Tapez son nom dans You Tube.Nous tenons en main, le CD reçu en cadeau d’amitié.
Voilà les dirigeants d’associations avec lesquelles nous avons participé aux cérémonies de Mauthausen 2016 et avec lesquels nous avons eu de longs, bien longs entretiens.
Les Polonais assistent très nombreux aux cérémonies de Mauthausen .C’est un flot de drapeaux rouges et blancs . Depuis toujours, les Polonais arrivent à Mauthausen, de Pologne, de Vienne, d’ailleurs en Autriche, d’Allemagne et à regret un peu moins de chez nous. Il y a cependant un monument belge et des plaques à la mémoire des Belges morts à Mauthausen. Ben,…nous sommes des Belges aussi et nous avons été un peu tristes aussi pour eux.
un monument aux Belges sans délégation
On a aussi eu une, des pensées pour eux
Comme à MonteCassino, des cars, des cars avec des scouts polonais, des écoles polonaises ,des militaires polonais ,des rescapés polonais de Gusen et Mauthausen et leurs familles et beaucoup, beaucoup d’associations d’anciens de Mauthausen ,…très impressionnés de rencontrer des Polonais venus de Belgique, nés en Belgique, de parents polonais, libérés en Allemagne Nazie.
Artur ŁÓRKOWSKI ambassadeur de Pologne en Autriche à droite du vétéran
ceux-ci viennent de Varsovie ; de Varsovie ? depuis toujours chaque année. Notre nouvelle amie nous a beaucoup conseillé sur les choses à voir absolument. Ici avec son président Włodzimierz MARUSZAK, des Anciens de Mauthausen Gusen , association de Varsovie
Les cérémonies où notre petite association « les Polonais du Centre » a déjà assisté : à Langagnerie en Normandie, à MonteCasino en Italie sont des commémorations spécifiquement polonaises .Elles rassemblent beaucoup de monde et attirent surtout beaucoup de Polonais de partout dans le monde .
Mais Mauthausen est une commémoration internationale.
Une énorme présence d’Italiens, beaucoup, beaucoup d’Italiens, le plus certainement, le plus long cortège
de Hongrois, de Grecs, d’Albanais, d’Ukrainiens, de Russes, de Français, d’Allemands, d’Espagnols, de Hollandais, de Luxembourgeois, d’Américains
qui s’émeuvent toute la matinée auprès de chaque monument, et, au cours des visites des deux camps
et puis lors des discours sur la grand esplanade avec un slogan commun dans plus d’une dizaine de langues différentes :
pour un monde libre et juste , pour chaque être humain
C’est aussi ce que rappelait les écriteaux tenus en mains par de jeunes Autrichiens qui bordaient le cortège de sortie de la grande cérémonie centrale:
dans un état de droit être libre, le mot libre, la liberté ,
c’est être libre de penser soi-même ce que l’on veut, où on le veut, quand on le veut; ce que l’on souhaite soi-même, pas ce que tu souhaites pour moi gentiment ou autoritairement ou de manière condescendante
c’est pouvoir dire ce que l’on pense librement sans crainte que cela ne plaise pas ou que cela plaise fort aux bien-pensants.
C’est surtout pas se conformer, se plier, se résigner, obéir, se soumettre.
Voilà la leçon tirée de notre participation à Mauthausen 2016.
Voilà comment mon père Stefan FABJANCZYK à qui hier, dimanche 15 mai 2016, les larmes aux yeux, dans la pluie, la grêle, le vent froid qui soufflait sur la colline de Mauthausen, nous avons pensé à chaque seconde, là-haut dans le camp au bord du Danube si beau, si beau pour les autres mais plus jamais pour nous , voilà maintenant on comprend , pourquoi et comment , après ici , à Ressaix Péronnes Charbonnage, il a conduit sa vie de 25 à 90 ans .
Et dans une Communauté Polonaise sous tutelle ,et plus étroitement encore , dans une paroisse polonaise , comme elles étaient menées dans le Hainaut charbonnier , hier et aujourd'hui encore , ce n’était…oh! là! là! Stefan !!!! , pas bien vu du tout.
FABJANCZYK Régine